vendredi 15 mai 2020

Journal Mai






Le Live de Isabelle P.

Je crois que j'aurais pu prendre des leçons car je viens de perdre patience en élevant la voix de façon inhabituelle. J'héberge une Colombienne et je n'arrive pas à m'habituer à ses façons de faire. Elle a le sang chaud et n’en fait qu’à sa tête. Pas de dégâts heureusement mais je suis contrarié de n'avoir pas su me maitriser. Hier je n'étais pas très fier de moi qui prône de respecter les gens comme ils sont.
Des photos de Yaël ce soir et du jardin à Cussac par Camilla. J'en suis bien content. Et j'ai bien rigolé avec une vidéo envoyé par JPhi.

En cette fin de confinement

Je suis toujours à me demander si je vais bien. Je perds un temps fou à ne rien faire ... en admirant mon jardin. Je me dis, je ne sais pas pourquoi, "Profitons en ça ne durera pas".
Je n’ose pas me prononcer sur cette période étrange que nous vivons. Que d’avis divers et contradictoires ! Les critiques du gouvernement vont bon train mais qui aurait fait mieux ? Pour moi, le rebelle qui, au service militaire, s’est débrouillé pour passer à travers les différents vaccins obligatoires, je me plie aux contraintes étonnantes qui nous sont imposées, distanciation, confinement. Pour les règles soit disant hygiéniques de lavage de mains fréquents et au savon, je n’en fais qu’à ma tête en partant du principe qu’un corps sain, non pollué par les médicaments doit savoir se défendre jusqu’à ce qu’il meure naturellement. Si c’est mon temps de mourir, je suis prêt. En attendant je vis le mieux possible dans la sobriété, en évitant tout excès.

A propos des pages web

Pour la page web, il ne s'agit pas de nouvelles mais de vous montrer des photos dont certaines vous concernent (dis je à mes correspondants). Et comme le monde entier voit ou peut voir 😌 ces images, il est bien que vous soyez au courant de façon à me demander de les retirer si elles ne vous conviennent pas ou au contraire me dire si elles vous plaisent.

11 mai : déconfinement

Pour mon compte, le déconfinement a été épique et surprenant, hier, avec une colère de Jérôme revenant de Signe après une absence d'ici, de deux mois. Sous l’effet du stress du retour, de la fatigue, sans doute, après avoir crié comme je ne l’ai jamais vu faire, il m'a claqué la porte au nez et je ne l'ai pas revu depuis (le lendemain). Ceci, parce que j'avais osé proposer, début avril, une solution qui n'était pas la sienne pour la location d'une chambre en bas. Je m'étais alors plié aux injonctions par SMS de Kathleen, qui signait Jérôme.
* Je souhaitais affecter une chambre pour une amie de la chorale, Florence, que je connaissais, qui m'accompagnait et m'aidait bien pour le jardin. Cette chambre, Kathleen et Jérôme l'avait réservée pour une personne, trouvée en réponse à une annonce, qui  ayant visité le local, n'avait fait aucun règlement financier. J'avais donc pris contact avec cette jeune femme, par téléphone,  pour lui demander de bien vouloir abandonner et prévenir Kathleen afin de pouvoir loger la copine Florence alors très enthousiaste pour s'installer chez nous. Ça n'a pas plu à Kathleen et elle s'est arrangée pour  influencer Jérôme peu porté  à lui déplaire, je crois, c'est ce que j'en ai constaté. Mais surprise, quand j'ai voulu m'expliquer avec lui, hier, j'ai constaté que sa susceptibilité était bien touchée par cette affaire, j’ai interprété qu’il s'est identifié à ce qu'il a pris pour une ingérence à son autorité alors que je lui demandais un arrangement dont je prenais la responsabilité. Moi, j'ai été bien déçu car il a fallu que j'abandonne le rêve de partager avec Florence des projets et une aide efficace pour le jardin. Elle a trouvé à se loger ailleurs et il va donc falloir, pour moi, composer avec cette histoire afin de retrouver une bonne relation avec nos voisins du bas.
Je pense bien que je pourrais demander à Jérôme des comptes sur ce qu'il me doit mais ce serait l'enfoncer dans son malaise qui parait d'être tiraillé entre les besoins et les demandes des uns et des autres. De fumer pour tenter de s'en sortir.
Mais vous ne savez pas tout encore car, avant de se mettre en colère, Jérôme m'a dit que maintenant qu'ils avaient bien travaillé à 4 personnes à Signe pendant les deux mois du confinement, pour avancer les travaux afin de rendre habitable la remise qu'il avait acquise, il envisageait d'y loger son fils. Alors qu'il clamait, depuis un an, pour nous réclamer des sous, qu'il allait revendre l'appartement terminé pour se faire un peu d'argent. Il comptait réaliser l'ensemble des aménagements tout seul (il ne pouvait rien exiger de son fils ... [qui a encore abandonné son camion sur le parking]).  Il avait déjà fait de multitudes allés et retours Aix Signe pendant plusieurs mois pour avancer seul  la tâche.

Ca pousse à la réflexion

En allant commander des lunettes, hier, je me suis mêlé à la vie extérieure, pour la première fois depuis deux mois. J'ai trouvé que le monde changeait.
La communication est difficile, du fait de la distanciation imposée, déjà mais pas seulement, même à un mètre on peut se côtoyer. Plus difficilement certes, allez vous comprendre sans pouvoir lire sur les lèvres de votre interlocuteur ? Maintenant il faut avoir peur de parler à son voisin sans masque, de ne pas se toucher, s'embrasser ni se serrer la main. L’atmosphère est tendue, pas question de plaisanter, on se prend au sérieux, "la maladie va vite" me disait le client devant moi qui n'osait pas s'approcher de la place qu'il devait prendre, inscrite sur le sol, alors que je l'y invitais. Il parait que pendant le confinement on était surveillé, la police était partout et distribuait des amendes aux contrevenants.
Certes, la circulation automobile, tout en reprenant de la vigueur, reste fluide. Pas d'embouteillages, là encore les distances semblent respectées. On ne se bouscule pas chez les commerçants, il faut prendre rendez vous pour être écouté, on ne fait pas la queue sinon à l'extérieur de l'espace d'affaires et là, souvent, elle s'étire à vous décourager d'attendre. Une fois autorisé à entrer, il faut ajuster son masque, se laver les mains, éviter les poignées de portes qui en sont de plus en plus démunies d'ailleurs et qui doivent s'ouvrir seules, ne rien manipuler, beaucoup portent des gants jetables.
Je ne suis pas allé en ville pour prendre le pouls des badauds qui cherchent à changer d'air, il parait que la mendicité est plus difficile qu'avant. Oui on ne dit plus "dans le temps" mais "avant la pandémie", Macron dirait "avant la guerre". Pour nous, les anciens, la guerre était le danger concret avec le risque de recevoir une bombe ou d'être fusillé. On ne trouvait pas ce dont on avait besoin et on ne mangeait pas à sa faim. Il ne fallait rien gâcher et on devait tout récupérer. On partageait d'abord avant de se servir. On n'avait pas peur d'utiliser ses doigts et on se régalait de ce qui nous était proposé sans se préoccuper de savoir d'où ça venait ou si c'était bio.
Côté mortalité, on ne s'en préoccupait pas beaucoup. C'était même un mérite d'exposer sa vie pour le bien commun ou pour une cause que l'on s'était donnée. On savait vivre à la dure, ne pas s'écouter et se soigner avec les moyens du bord.

La reprise.

« En fonction de l’analyse que nous faisons des causes, selon la compréhension que nous avons de la situation, selon les priorités que nous choisissons, comment pouvons-nous penser et construire le monde d’après ? (Message des présidents Psv)
La crise mondiale actuelle soulève des questions fondamentales sur lesquelles nous avons des choses à dire, à tous les niveaux : la place de l’Homme dans la Nature, le rapport à la mort, la place de la spiritualité dans nos vies, mais aussi comment comprendre la crise économique, politique et sociale qui s’annonce, et surtout comment agir à notre niveau, que devons nous modifier dans notre manière de vivre au quotidien, pour que les choses changent ? »
Oui la reprise est difficile Nous ne savons pas comment aborder les problèmes qui se posent. Faire comme si tout allait bien n’est pas la solution. En rire est peut être mieux.
 Ici la situation était critique avec Jérôme et Kathleen (voir ci-dessus, 11 mai déconfinement). Ils refusaient tout dialogue et toute explication à propos de leur rôle de gérants du bas et de leur situation financière dans la maison. Jérôme, sans vergogne, proposait de tout oublier ce qui s’est passé. « Il le faut » disait il en refusant mes invitations d’aller plus loin. Je ne me suis pas laissé exploiter cette fois et j’ai appelé à l’aide les propriétaires à savoir les quatre enfants, en leur demandant de confronter les résidants du bas sur leur place et traiter avec Jérôme les affaires de la maison.

 Jean Phi a organisé une visio conférence avec un certain brio même si tout n’était pas parfaitement au point.
Yaël a souligné une pratique de ma part que vous réprouvez peut être aussi et que je veux défendre ici :
Si je ne suis pas très bavard sur le plan oral, j'aime m'expliquer par écrit et je profite de la messagerie pour informer les personnes susceptibles de s'intéresser à moi et éventuellement de donner leur avis. Le seul point litigieux, j'en suis conscient, est que je ne cite pas toujours le nom des destinataires du courrier que je peux envoyer aussi par Skype, Watsapp ou Messenger. Mais est ce nécessaire ? Ce qui est certain c'est que le courrier s'adresse bien à ceux qui le reçoivent. Et la copie à l’intéressé est une question d’honnêteté vis-à-vis de la personne qui a le droit de savoir ce que je dis d’elle et à qui je le dis. Pour " et à qui je le dis."c’est autre chose mais j'y réfléchirai encore.  
Ainsi, c'est vrai, Jérôme s'est trouvé affecté de constater que je mettais à la connaissance de personnes étrangères des faits qui le concernaient. De mon texte, c'était la seule chose qu'il me reprochait.  Je lui ai répondu que j'étais désolé mais que je ne regrettais pas car, en plus de ne vouloir rien lui cacher, cette façon de faire le poussait à prendre le problème plus au sérieux car devant témoins. Le retour des Imbert à l’Escoub a donc été assez éprouvant pour moi. Nous nous sommes expliqués mais pas forcément bien compris. Nos amis sont débordés par quantité de soucis, financiers déjà et ne semblent pas prêts à prendre en considération mes préoccupations de plus « Ancien » et responsable de la maison. Jérôme reste une aide précieuse cependant.
J’ai revu mes copines, presque voisines, Colette et Josette. Nous nous sommes retrouvés ici avec plaisir autour d’un excellent pique nique pot au feu que Colette avait préparé. J’ai constaté, là aussi, que les temps changeaient tout en gardant certaines habitudes de la « période d’avant ». Colette est assez maussade mais ouverte et respectueuse des différences, elle court se laver les mains toutes les cinq minutes, vieux réflexe d’infirmière, dit elle. J’aime sa sensibilité et m’ennuie de ses longues visites qu’elle me faisait jadis. Josette est dans l’euphorie du succès de sa nouvelle installation à Aix. Nous avons encore discuté ce matin et sa bonne humeur semble inaltérable. Avant de reprendre la peinture, elle se lance dans l’écriture poétique. Très satisfaite de ses productions qu’elle a plaisir à présenter, elle refuse de les remettre en question et tient en garder la propriété en les protégeant par des « copyright » que je trouve un peu prétentieux.
Pour moi, fier de ma barbe que je refuse de tailler pour marquer le changement d’époque, j’ai beaucoup de satisfactions de constater que mes amis de Poursuivre commencent à répondre aux communications que je leur adresse. Nous allons peut être, grâce à la crise, en prenant conscience du rôle que nous avons à jouer dans la société en tant qu’Anciens,  vers un renouveau du Mouvement et de son fonctionnement en utilisant les outils informatiques à notre disposition.

J’ai téléphoné à ma soeur Annie, ce n'est pas un plaisir pour moi car je n’aime pas ce moyen de communication car, j’entends mal, je fais souvent répéter et de leur côté mes sœurs sont contrôlantes, fatigantes, centrées sur la forme et sur elles mêmes. Pourtant, souvent, elles sont touchantes, ouvertes et je les aime bien. Thérèse a fini par m’envoyer un message pour me dire qu’elle était prête à se faire entendre. Je lui ai répondu que, ravi de la retrouver, j’étais prêt à accepter toutes ses justifications. A Annie, je disais que la veille, je m'étais programmé un film à la télé que je voulais absolument voir (je ne sais pas pourquoi) "Les choses de la vie", superbe réalisation de Claude Sautet en 1970 avec Michel Piccoli et Romy Schneider ... C'est le regard sur sa vie dans les dernières minutes d'un accidenté de la route. Et bien j'ai vécu, ensuite, une drôle de nuit à revivre celle que j'ai passé le 25 avril 86 après l'accident d'Olivier.

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